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La socialisation de professionnelles et professionnels formés hors Québec : regard croisé sur l'accompagnement en stage dans trois disciplines
Joëlle Morrissette  1@  , Marlène Larochelle * , Mahjoubi Oumaïma * , Don Durvil Youyou * @
1 : Université de Montréal  (UdeM)
Université de Montréal C.P. 6128, succursale Centre-ville Montréal (Québec) CANADA H3C 3J7 -  Canada
* : Auteur correspondant

En raison des politiques d'immigration québécoises et de l'importante pénurie de main-d'œuvre dans différents secteurs économiques, les professionnelles et professionnels formés à l'étranger sont de plus en plus nombreux à s'inscrire à des programmes universitaires d'actualisation de leurs compétences afin de poursuivre leur carrière dans la province (Perras, 2022). Comme ces personnes ont été scolarisées et ont travaillé dans un autre contexte national, leurs expériences ne sont pas toujours ajustées aux attentes des milieux professionnels où ils doivent faire des stages obligatoires menant à l'autorisation de travailler au Québec. Pour cette raison, leur accompagnement en stage par une personne superviseure revêt d'une grande importance, surtout dans l'appropriation des pratiques jugées légitimes dans leur nouveau contexte professionnel. Une sociologie interactionniste des groupes professionnels met d'ailleurs bien en lumière qu'au côté de l'ensemble de normes officielles qui dictent les droits et obligations devant être maitrisés pour exercer une profession, il existe aussi un ensemble d'attentes partagées à l'égard des routines quotidiennes, des manières d'interpréter les situations et d'interagir au travail qui doit aussi être décodé pour agir avec pertinence et être reconnu membre à part entière (Demazière et Gadéa, 2009). C'est ce que Becker (2006) appelle des « conventions », des sortes de savoir-faire qui facilitent la coordination des activités et fondent chaque culture de travail. Cette sociologie montre que les réactions des partenaires professionnels aux pratiques mobilisées contribuent à la régulation de l'activité professionnelle chez celles et ceux qui ont des pratiques différentes (Morrissette et Demazière, 2018). Ainsi, lorsque les partenaires protestent, rappellent à l'ordre, valident et encouragent, les réactions concourent à rendre les conventions de travail explicites et provoquent chez les nouveaux membres des ajustements. Si tout partenaire a un pouvoir d'influence, dans le contexte du stage d'une ou un PFÉ, c'est sans doute la personne superviseure de stage qui concoure le plus à la régulation de leur activité. Nous avons donc conduit une enquête qualitative dans les disciplines où ils sont les plus nombreux à être inscrits dans les programmes universitaires : le droit, l'enseignement et la physiothérapie. À l'appui d'une analyse centrée interactionniste (Becker, 2016), notre enquête reposant sur des entretiens individuels et collectifs nous a permis de documenter comment la collaboration entre des PFÉ avec leur superviseure ou superviseur de stage joue un rôle socialisant aux conventions de travail. Les résultats obtenus montrent que les conventions qu'ils apprennent au travers cette socialisation sont tributaires, d'une part, des différentes caractéristiques mêmes des professions, tels que les types de savoirs professionnels qu'elles requièrent, et d'autre part, celles des contextes de stage correspondants. Par ailleurs, un regard plus transversal conduit à mettre en exergue un paradoxe, soit le fait que même si le Québec affiche une grande ouverture aux personnes immigrantes, l'analyse des interactions qu'elles ont avec les personnes superviseures de stage montre que très peu de place, voire aucune, est faite à leur bagage de formation et d'expérience antérieur.



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