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Intentions d'égalité et sentiment d'équité en licence Sciences Pour la Santé (SPS)
Laurence Redon * , Sophie Kennel  1@  , Alexandra Knaebel * @
1 : Laboratoire interuniversitaire des sciences de l'éducation et de la communication  (LISEC)
Université de Haute Alsace - Mulhouse, université de Strasbourg, Université Nancy II
Université Louis Pasteur 7 rue de l'université 67000 STRASBOURG Université Nancy2, B.P. 3397 54015 NANCY CEDEX France -  France
* : Auteur correspondant

L'université de Strasbourg, France, propose depuis 2020 un modèle original de formation aux métiers de la santé : la licence « Sciences Pour la Santé » (SPS), équivalent du bachelor dans d'autres pays, qui s'articule autour de trois blocs d'enseignements : le « bloc santé », le « bloc transversal » et le « bloc disciplinaire ». Cette réforme du cursus vise notamment à diversifier les parcours et les profils étudiants et à renforcer l'égalité d'accès aux diplômes de santé, jusque-là extrêmement sélectifs. L'étude menée s'intéresse aux intentions de formation de l'équipe pédagogique multi-disciplinaire et à la perception de la communauté étudiante de cette diversification des parcours et profils, ainsi que de l'égalité et de l'équité au sein du diplôme. A partir d'entretiens avec les responsables de formation et d'une enquête auprès de la population étudiante (1528 réponses complètes), nous interrogeons le rapport au parcours d'études, le ressenti sur la diversité voulue et sur l'égalité de traitement entre les personnes étudiantes. Nos résultats font apparaître des écarts entre les objectifs visés par les responsables de la formation et l'expérience étudiante. Les intentions de l'équipe enseignante, relayées par les personnes interrogées, visent avant tout l'amélioration de la réussite en 1ère année de licence et l'ouverture disciplinaire pour le renforcement des compétences métiers. Cette personnalisation, par la possibilité donnée aux personnes étudiantes d'intégrer des parcours disciplinaires différents contribue, de l'avis des responsables de la formation, à une rupture d'égalité de traitement puisque tout le monde ne bénéficie pas des mêmes enseignements ni des mêmes modalités de formation. L'expérience étudiante est quant à elle marquée par un sentiment fréquent d'iniquité, en particulier entre les différents parcours disciplinaires. Si le bloc disciplinaire contribue à la diversification des profils visée par l'équipe pluri-disciplinaire, il induit en revanche un biais en ce qui concerne le sentiment d'égalité lié à l'investissement exigé en matière de charge de travail et de gestion du temps alors même qu'une large majorité des personnes (82%) souhaite intégrer le cursus du diplôme de formation générale conduisant aux métiers de santé. Le sentiment voire le degré d'iniquité pourrait être corrélé au succès - ou non - d'intégration des filières de santé or l'enquête menée avant les épreuves terminales met clairement en exergue ce ressenti avant même que l'issue de l'année de L1SPS soit connue. De plus, l'analyse des facteurs jugés inéquitables par la population étudiante, selon le parcours disciplinaire suivi, ne valide pas le lien entre sentiment d'iniquité et taux de réussite par parcours, à l'intégration des filières de santé. Ce constat nous amène à confronter le ressenti des personnes avec la méthodologie initiale de co-construction des parcours de l'équipe pluri-disciplinaire, à explorer des pistes d'harmonisation entre les parcours et identifier les leviers que peut activer l'équipe pluri-disciplinaire pour tendre vers une équité et une égalité des chances pour les personnes étudiantes, quel que soit le parcours choisi et contribuer ainsi à la diversification des profils dans les filières de santé.


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