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Le paysage des universités, en particulier françaises, est marqué ces dernières décades par de nouveaux modèles de fonctionnement et de financement. A la faveur de politiques nationales plus appuyées associées à des leviers financiers conséquents, les établissements ont dû, ont pu pour certains, s'emparer à bras le corps des enjeux de la réussite étudiante, académique mais aussi éducative. Dans cet objectif, nous sommes aussi passés du défi de l'innovation en pédagogie à celui, plus engageant sur la durée, de la transformation pédagogique impliquant tous les acteurs, individuellement et collectivement. Notre étude porte sur la manière dont la gouvernance universitaire institutionnalise le soutien aux réussites étudiantes, avec quelle politique et en s'appuyant sur quels leviers. Nous nous interrogeons également sur comment la politique d'établissement dans ce domaine peut transformer l'écosystème universitaire. Notre hypothèse est que la stratégie et la politique d'action des communautés constituantes des établissements relèvent encore plus de l'opportunisme et du bricolage que d'une réelle politique instituée et formalisée.
Nous proposons de présenter pour cette communication le travail d'analyse que nous avons mené et qui constitue le préalable à un projet de recherche sur la place dans l'accompagnement à la réussite de la gouvernance, des communautés, structurées ou non, ainsi que des différentes typologies d'acteurs. A partir du cas d'une université du grand est de la France, la nôtre, nous observons les différents types de communautés, leurs identités et leurs interactions. Nous avons utilisé pour cela les modèles existants de description des écosystèmes, comme ceux de Bessire et Mesure (2009), ainsi que ceux s'intéressant aux facteurs de la réussite universitaire (Dupont, De Clercq, & Galand, 2015; Michaut & Romainville, 2012). L'analyse que nous avons conduite nous mène à plusieurs constats. De nouvelles missions et services ont complété l'écosystème existant mais celui-ci n'a pas été modifié structurellement ou fonctionnellement dans les dernières années. Les transformations majeures opérées s'observent au niveau de l'activité et du rôle des acteurs et de l'action transversale des communautés. De nouveaux ou néo-métiers émergent, comme celui de conseiller à la réussite ou l'évolution des missions de scolarité qui peuvent interroger sur la convergence, ou parfois la concurrence, des rôles. Dans une université comme celle que nous étudions, qui bénéficie de financements sur projets majeurs et pour certains pérennes (comme l'IdEx), ce sont somme toute ces leviers financiers et les politiques qui initient un réel changement de paradigme dans le modèle d'action universitaire pour la réussite. Ils constituent un enjeu majeur pour l'écosystème, à la fois en tant qu'opportunité que de risque. Ils sont source d'innovation et d'expérimentation mais demandent à être inscrits dans une vision à long terme.
Pour la suite de notre travail, que nous espérons présenter lors du colloque de l'AIPU, nous allons comparer les écosystèmes d'autres établissements d'enseignement supérieur français et étrangers. Nous allons également interroger les communautés au travers d'une enquête en ligne et d'entretiens semi-directifs. L'objet de cette enquête sera d'identifier les représentations des personnels sur leur rôle, individuellement et collectivement, dans le soutien à la réussite étudiante.
