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Agentivité vis-à-vis des chemins possibles en dehors des murs de l'université : la voix des jeunes dont les parents sont nés dans les Caraïbes, en Afrique subsaharienne ou en Amérique latine
Roberta Soares  1@  , Fabiola Melo, Marie-Odile Magnan * @
1 : Université de Montréal - UdeM (CANADA)
* : Auteur correspondant

Cette étude qualitative documente les expériences vécues aux études universitaires et post-universitaires à Montréal de jeunes dont les parents sont nés dans les Caraïbes, en Afrique subsaharienne ou en Amérique latine. À partir d'entretiens semi-dirigés (Savoie-Zajc, 2021) menés auprès de jeunes (n = 6) ayant interrompu leurs études universitaires, nous avons réalisé une analyse thématique dans laquelle des thèmes récurrents sont ressortis (Paillé et Micchielli, 2021) (la pression des parents pour la poursuite d'études universitaires, le manque de sentiment d'appartenance à l'université et le manque de compréhension du métier d'étudiant) ainsi qu'une analyse des types de parcours qu'ils ont choisi d'emprunter, soit le choix du retour vers un programme d'études collégiales ou techniques ou le choix du marché du travail. En utilisant la théorie de la structuration de Giddens (1986) et le concept de temporalité intergénérationnelle (Santelli, 2014), l'analyse des données met en exergue les défis qu'ils ont vécus pour décoder le métier d'étudiant et leur manque de sentiment d'appartenance à l'université. Elle documente aussi les effets de la pression des parents immigrants sur l'allongement des parcours des étudiants. L'analyse met en exergue le déploiement de leur agentivité en dehors des murs de l'université par le retour vers un programme d'études collégiales ou techniques ou directement vers le marché du travail. D'une part, nous soulignons, par l'analyse, l'agentivité de ces jeunes qui optent pour un chemin différent que celui des études universitaires. En tant qu'agents compétents, les jeunes du corpus ont démontré une conscience de leurs actions à partir de la resignification du sens de l'université dans leur vie et, par conséquent, de la prise de nouveaux chemins en dehors des murs de l'université. La façon dont les étudiants du corpus répondent aux défis rencontrés au niveau de la famille et au niveau de l'université met en surbrillance leur histoire familiale en lien avec les dynamiques sociales. D'autre part, les résultats de cette étude nous amènent à réfléchir au rôle de l'université et de ses acteurs sociaux dans le soutien aux étudiants. Au regard de la parole des jeunes interrogés, il nous est apparu qu'une pratique de soin quotidien qui valorise la coexistence et l'affection (Banda et al., 2020) serait prometteuse, en comparaison avec un soutien offert renforçant une socialisation des jeunes issus de groupes minoritaires au métier d'étudiant et aux normes d'excellence fixées par l'institution. En effet, les jeunes nous ont raconté avoir vécu une expérience stressante et ils ont jugé que celle-ci n'était pas enrichissante en termes de temps, d'argent, d'intérêts, de motivation, de sentiment d'appartenance et de chaleur humaine, au point où ils ont décidé de partir de l'université.



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