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Comprendre l'engagement des étudiants en cours magistral à travers l'analyse de leurs représentations des interactions verbales : présentation d'une recherche empirique
Amélie Duguet  1@  , Valentin Moison  1, *@  
1 : Institut de Recherche sur l'Education : Sociologie et Economie de l'Education [Dijon]
Université de Bourgogne
* : Auteur correspondant

En France, face à un modèle pédagogique traditionnel considéré comme étant inadapté à l'hétérogénéité du public étudiant et malgré une préoccupation croissante pour des questions d'ordre pédagogique, les travaux de recherche empiriques portant sur l'efficacité des pratiques pédagogiques dans le contexte de l'enseignement universitaire sont aujourd'hui encore peu nombreux. Pourtant, nombre de questions demeurent, notamment en ce qui concerne le format des cours magistraux, dont la dimension orale, s'apparentant le plus souvent à une conférence monologue, est largement remise en question depuis plusieurs décennies. Se pose dès lors la question de savoir quelles peuvent en être les répercussions sur les apprentissages des étudiants, et plus particulièrement sur leur engagement, dimension largement reconnue dans la littérature scientifique comme représentant un facteur de réussite. En conséquence, nous proposons dans cette communication de placer la focale sur les interactions verbales entre enseignants et étudiants en cours magistral, ce type de cours étant envisagé au sens administratif du terme. Nous nous appuyons notamment sur les travaux de Vion (1992) pour définir l'interaction verbale comme une action conjointe, conflictuelle et / ou coopérative qui implique de mettre en présence au moins deux acteurs.

Cette recherche vise plus spécifiquement, par le biais d'une démarche empirique, à étudier quelles sont les représentations des étudiants à l'égard de ces interactions et dans quelles mesures celles-ci sont liées à leur engagement. Prenant appui sur la typologie proposée par Fredricks, Blumenfeld et Paris (2004), nous considérons trois dimensions de l'engagement : une dimension comportementale, une dimension affective et une dimension cognitive.

Afin de satisfaire à ces objectifs, nous avons mené entre février et avril 2023 une enquête par questionnaire auprès d'un échantillon de 1250 étudiants inscrits en cycle licence dans une université française. Ces derniers ont été interrogés concernant leurs caractéristiques sociodémographiques, leurs conditions de vie, leurs caractéristiques scolaires, les différentes dimensions de leur engagement (comportemental, affectif et cognitif) et leurs représentations des interactions verbales en cours magistral.

L'analyse descriptive des données montre que les étudiants font état d'interactions fréquentes : il n'est pas rare que leurs enseignants leur posent des questions, de façon individuelle ou en s'adressant au groupe entier, et répondent à leurs interrogations. Selon les déclarations des étudiants, ces interactions sont par ailleurs principalement centrées sur les contenus enseignés. La construction de modèles de régression linéaire, permettant de raisonner « toutes choses égales par ailleurs », montre que les représentations des étudiants sont en outre très significativement liées à leur engagement affectif et à leur engagement comportemental, les effets sur l'engagement cognitif étant en revanche de moindre ampleur. De tels résultats, bien que faisant face à un certain nombre de limites d'ordre méthodologique, apportent de nouveaux éléments de compréhension concernant la façon dont les pratiques pédagogiques des enseignants sont susceptibles d'influer sur les apprentissages des étudiants. Ils invitent en outre à approfondir la question, notamment par le biais d'observation in situ et de l'étude des effets des interactions sur les performances des étudiants.



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