Programme > Papiers - par auteur·trice > Almerge Morgane

Emergence d'une communauté de pratique enseignante à l'université à travers les dispositifs de type “congés pour projets pédagogiques” : retour d'expérience sur 8 ans de mise en œuvre.
Michaël Canu  1, *@  , Morgane Almerge  2, *@  
1 : Université de Perpignan Via Domitia  (UPVD)
Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique
52, av Paul Alduy 66860 Perpignan -  France
2 : Université de Perpignan Via Domitia  (UPVD)
Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique
52, av Paul Alduy 66860 Perpignan -  France
* : Auteur correspondant

L'université de XXXX a commencé à mettre en place un dispositif de type CPP (congé pour projet pédagogique) nommé CEPI (congé enseignant pour pédagogie innovante) dès l'année universitaire 2014-2015, pour promouvoir des changements de pratique au sein de sa communauté enseignante. Celui-ci a été progressivement remplacé par le CPP au cours des 3 dernières années et plus de 63 enseignants-chercheurs ont bénéficié de ces dispositifs depuis lors. Le format proposé vise à promouvoir le développement professionnel par des actions de formation individuelles et collectives favorisant les interactions entre pairs. Celles-ci prévoient la participation à de nombreuses activités collectives (ateliers pratiques, conférences, rendez-vous virtuels, etc.) et un accompagnement, à la fois collectif et personnalisé, avec la rédaction d'un rapport d'activité partagé. Le nombre croissant de lauréats de ce type de projet dans la communauté enseignante au sein de l'université et sa nature pluridisciplinaire ont contribué à la création d'un collectif, dont l'existence pourrait idéalement se prolonger au-delà des temps de formation proposés par le service universitaire de pédagogie de l'établissement. En particulier, on pourrait s'attendre à l'émergence d'une communauté de pratique enseignante au sens de Wenger (1998). Afin de vérifier cela, nous avons étudié les interactions entre les membres de ce collectif par le biais de questionnaires et d'entretiens individuels guidés pour des participants entre 2014 et 2022. L'analyse de ce corpus a permis de constater que certaines synergies étaient apparues au cours des années, entre et dans les différentes promotions de CEPI/CPP, à la fois entre enseignants d'une même composante ou département d'enseignement, mais aussi entre composantes. Les interactions se répartissent en deux groupes : celles qui avaient à voir avec des questions de fond en pédagogie universitaire et celles qui visaient à la promotion du dispositif : essaimage de projets ou recrutement de nouveaux enseignants. Malgré de nombreuses interactions, il s'avère que le cloisonnement disciplinaire et le manque d'espace pédagogique organisé ont eu raison de cet élan collaboratif. 8 années après la première promotion d'enseignants, on peut constater que, même si des interactions de qualité ont eu lieu entre les lauréats et que certains ont gagné une certaine visibilité du point de vue pédagogique au sein de leur composante ou de l'université, elles n'ont pas été maintenues sur le moyen terme, et en particulier, les interactions entre collègues de composantes distinctes n'ont pas tenu sur la durée. On assiste plutôt à la création de petits groupes de collègues parfois à une échelle aussi réduite que celle d'un couloir plutôt qu'à l'émergence d'un collectif, d'une communauté de pratique enseignante, au niveau de l'établissement. Il en ressort que la configuration spatiale de l'établissement joue aussi un rôle important dans la constitution des interactions ou leur maintien. Le manque d'espaces physiques ou temporels organisés ne permet pas le maintien sur la durée d'une communauté de pratique active autour des problématiques pédagogiques. Même si la volonté des participants est là, un accompagnement spécifique semble nécessaire à l'université, comme ce qui est proposé par plusieurs auteurs dans le secondaire (Hadar et Brody, 2010).


Personnes connectées : 10 Vie privée
Chargement...