Des projets de soutien des initiatives de transformations pédagogiques sont lancés par les politiques nationales, comme le projet DUNE-DESIR lancé par l'ANR en 2016, qui vise à inciter les enseignants à proposer des projets de transformation pédagogique, tout en les soutenant, accompagnant et valorisant. Une étude sur les raisons, les motifs et les motivations d'enseignants engagés dans le projet DUNE-DESIR a été réalisée pour comprendre ce qui anime un enseignant à s'engager et à maintenir son engagement dans un processus de transformation pédagogique. Un cadre d'analyse croisant le modèle descriptif des motifs d'engagement de Carré (2001) et la théorie de l'autodétermination de Deci et Ryan (2008) a été constitué pour réaliser cette étude. Des entretiens semi-directifs auprès de 10 enseignants engagés dans le projet ont été menés. Des analyses thématique et diachronique du discours des enseignants ont été réalisées. Des tableaux motivationnels des enseignants et des analyses croisées au regard des données sociodémographiques ont été réalisées pour rendre compte de l'évolution des raisons, des motifs et des motivations relevés tout au long du projet. Dans cette communication, nous proposons de rendre compte des résultats qui montrent l'influence positive de la collaboration entre les différents acteurs de l'équipe pédagogique et de l'accompagnement d'un conseiller pédagogique. Toutefois, nous verrons que la culture organisationnelle de l'institution, les différents financements et les injonctions extérieures influencent négativement l'engagement et le maintien des enseignants dans et après le projet DUNE-DESIR. Ces résultats relèvent un besoin de requestionner et de restructurer le fonctionnement des institutions et des ressources humaines, matérielles, financières, etc., de l'enseignement supérieur. Nous faisons ici la proposition qu'une évolution de la culture organisationnelle de l'institution permettrait aux enseignants d'avoir les moyens de s'engager dans un questionnement de leurs pratiques pédagogiques en dehors de tout projet subventionné tout au long de leur carrière. Ainsi, nous faisons la proposition de favoriser la mise en place de communauté de pratiques, c'est-à-dire un groupe d'individus qui s'engage mutuellement dans une entreprise commune et qui partage un répertoire commun (Wenger, 1998) au sein des universités, et notamment par le biais de living lab. Ces living labs se fondent sur des équipes pluridisciplinaires pour construire, dans une démarche participative, des pratiques innovantes (Voilmy, 2016). Ces living lab sont, selon nous, des lieux propices pour permettre la fédération des communautés de pratiques, puisqu'à travers cette démarche participative, chaque acteur pourrait partager et réfléchir avec ses congénères sur ses propres pratiques. La participation de l'ensemble des acteurs, pédagogiques, technologiques, administratifs ou encore de la gouvernance favoriserait le soutien des transformations pédagogiques (Clerget & Melayers, 2022 ; Paquelin, 2020).