La pédagogie universitaire est devenue depuis quelque temps un objet d'intérêt et d'étude (De Ketele, J.-M., 2010) et l'université, se situant dans un monde de défis et de mutations rapides, s'interroge sur sa mission académique.
Ce processus consiste à réexaminer les missions d'enseignement et recherche qui ont historiquement structuré l'identité politico-culturelle de l'institution, mais il faut également se référer à la troisième mission[1], pour se qualifier comme sujet capable de contribuer au développement et à l'activation de connaissances valables pour le contexte social au sens large aussi (Annoot, 2012). Il s'agit également de donner corps à la troisième mission, à savoir « répondre aux besoins des habitants d'un territoire local ou régional en matière de vie sociale et de culture, telle est désormais la fonction d'une université socialement responsable » (Chello, Perez-Roux, 2018).
Se profile une conception bien plus complexe et interconnectée des rapports entre recherche, formation et travail. Et suivant un tel scénario l'université interagit et de plus en plus avec les institutions, les entreprises, les associations, pour identifier, satisfaire et/ou transformer les besoins des acteurs individuels et collectifs.
Dans cette perspective, la communauté universitaire aurait un impact sur les territoires ; elle pourrait et probablement devrait assumer une responsabilité sociale dans le but de permettre aux citoyens de participer é à la gestion de la communauté et à son orientation vers le bien commun.
Notre recherche se déroule avec un échantillon des enseignants-chercheurs, tiré de 11 Facultés de l'Université Catholique d'Italie. Nous les enquêtons pour saisir comment leur engagement professionnel se structure dans l'entrelacement des dimensions personnelles et institutionnelles, en considérant également leurs positionnements dans ces différents rôles.
Un questionnaire online est proposé via une plateforme d'enquête Qualtrics afin de collecter les données structurelles et le parcours académique des participants à l'entretien. Les entretiens individuels ont été choisis, afin d'appréhender la complexité du rôle d'enseignant-chercheur dans l'exercice de sa triple mission. Enfin les enseignants sont invités à participer à un focus group pour pouvoir échanger sur les métaphores ayant émergé lors de l'entretien individuel. Dans notre cas, il a été décidé de réaliser deux focus groups avec les participants aux entretiens.
La transcription des entretiens fait l'objet d'une analyse thématique permettant d'identifier des éléments reportés par l'interviewé. Pour l'analyse nous nous sommes appuyés sur un programme d'analyse de données qualitatives, MAXQDA.
[1] En Italie, dans la VQR 2004-2010, l'Agence nationale d'évaluation du système universitaire et de la recherche (ANVUR) a introduit le concept de Troisième Mission comme « ouverture vers le contexte socio-économique par la valorisation et le transfert des connaissances », dans une conception plus actuelle qui inclut, outre les activités de valorisation économique de la recherche, des initiatives à valeur socioculturelle et éducative. Elle comprend l'activation de connaissances valables pour les nouvelles générations d'étudiants et d'intérêt aussi pour le contexte social au sens large, en renouvelant la discipline pour l'utilité sociale.