Dans le contexte de l'enseignement supérieur français, la transformation pédagogique et numérique vise à faire face aux changements, tels que l'évolution du profil des étudiants, l'intensification de la professionnalisation, et invite les enseignants à s'adapter, à expérimenter de nouvelles méthodes et modalités d'enseignement et d'apprentissage. Dans le cadre d'une entente inter-universitaire, un programme court de troisième cycle sur les usages pédagogiques du numérique est offert par une université québécoise à quatre enseignantes d'une même université française issues de différentes disciplines (allemand, anglais, histoire de l'art-archéologie, STAPS), de diverses nationalités (française, espagnole, anglaise) qui forment une communauté apprenante interconnectée (inter- “culturelle”, - “disciplinaire”, - “scientifique”). Dans une approche Scholarship of Teaching and Learning (SoTL), la formation vise à améliorer l'enseignement et l'apprentissage et à développer un regard critique sur l'utilisation pédagogique des environnements numériques d'apprentissage et de la formation à distance dans une démarche réflexive et scientifique. La temporalité de ce programme suivi sur plusieurs années conduit à un parcours d'apprentissage à la fois individuel et collectif entre apprenants et favorise un va-et-vient entre le terrain et la formation, l'expérimentation et la réflexion.

A partir de deux entretiens et d'écrits issus de la formation, l'expérience d'apprentissage est auto-analysée par trois enseignantes-apprenantes inscrites au programme. Le cadre formel et informel de la formation les interroge et elles cherchent à identifier les espaces de partage entre elles au regard de leurs postures de praticien, praticien-réflexif et de praticien-chercheur (Bédard, 2017). L'étude porte sur le collectif, qui est à la fois perçu comme une communauté d'apprentissage (Cristol, 2017) et comme facteur de développement professionnel.