Les professeurs en début de carrière: une analyse selon le genre
Eya Benhassine  1@  , Olivier Bégin-Caouette * @
1 : Université de Montréal - UdeM (CANADA)
* : Auteur correspondant

La profession universitaire comprend une diversité de tâches complexes, liées à l'enseignement, à la recherche, au service et à l'administration (Picard & Leclerc, 2008 ; Skakni, 2011), qui rendent souvent difficile l'intégration socioprofessionnelle des universitaires en début de carrière. Des études ont également suggéré que les transformations récentes, qu'il s'agisse de l'augmentation de la charge de travail (Archambault, 1989 ; Bertrand, 2004 ; Bertrand et al, 1994 ; Clark, 1987 ; Dyke, 2006 ; Finkelstein, Seal et Schuster, 1998 ; McInnis, 1996 ; Olsen, 1993 ; Schuster et Finkelstein, 2006), la précarisation (Adams, 2003 ; Bleak, 2000 ; Defleur, 2007 ; Diamantes, Roby et Hambright, 2002 ; Premeaux et Mondy 2002) et le sentiment d'isolement (Langevin, 2007 ; Remmik et al., 2011) ont contribué à transformer l'expérience vécue par ces universitaires. Une enquête menée par Dyke et Deschenaux (2008) a révélé que 80 % des professeurs débutants avaient des difficultés à concilier leurs différentes tâches et responsabilités professionnelles. La même étude suggère que le genre influence l'intégration dans la vie professionnelle et que les femmes professeurs sont moins satisfaites de leur situation et moins confiantes quant à leur titularisation. La productivité de la recherche, l'accès aux ressources, les possibilités de collaboration, les tâches administratives et la charge de travail varieraient également en fonction du genre (Larivière et al., 2010 ; Nielsen, 2017). Peu d'études ont cependant comparé si, au Canada, il existait une différence significative entre l'expérience rapportée par les universitaires en début de carrière en fonction de leur sexe. L'objectif de cette présentation est d'effectuer une première exploration des liens entre le genre et l'entrée dans la profession académique, ainsi que de vérifier le niveau de signification de ces liens. Nous avons examiné l'expérience déclarée de professeurs adjoints (n = 491) de 64 universités canadiennes qui, en 2017-2018, ont répondu à l'enquête Academic Profession in the Knowledge Society (APIKS). Dans les échantillons, 49 % des participants se sont identifiés comme des hommes et 51 % comme des femmes. Seules six des 54 questions de l'enquête s'adressaient spécifiquement aux professeurs assistants, dont nous avons étudié les perceptions concernant le niveau de : compétences propres (variable G1), mentorat et soutien institutionnel (variable G2), développement professionnel (variable G3) et satisfaction au travail (variable G6). Outre les statistiques descriptives basées sur le sexe, nous avons procédé à une MANOVA, afin d'examiner s'il existe des différences selon le genre en ce qui concerne les variables citées ci-dessus. Les résultats suggèrent qu'il existe des différences significatives qui doivent être expliquées par une analyse minutieuse de la situation de l'emploi universitaire au Canada.


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